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City Hunter


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(LE DOUBLAGE LÉGENDAIRE DE NICKY LARSON MAIS QUE DIRE ? PERSO J'ADORE)

 

Il ne mérite pas que vous vous salissiez les mains… C’est bien pour ça qu’il faut des types comme moi !

Ryô Saeba est un célèbre nettoyeur de Shinjuku, qu’on nomme City Hunter, « celui qui chasse les vermines hors de la ville ». Il est même réputé le meilleur du milieu. Tout les yakuzas, tous les délinquants en bande organisée le connaissent et le craignent. Son symbole ? Les trois lettres XYZ. Si un jour, vous avez besoin de l’aide de City Hunter, pour vous protéger et pour mettre hors d’état de nuire vos poursuivants, vous devez inscrire ces lettres sur le tableau noir de la gare de Shinjuku. Dès lors, vous devrez rencontrer City Hunter pour voir si vous entrez dans ces critères de client acceptable. Mais en fait… mieux vaut que vous soyez une jolie fille, c’est son seul critère !

 

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S’il accepte, n’ayez pas peur qu’il vous drague, il ne vit que pour cela. Il en est même très lourd. Mais vous ne risquez pas grand-chose : sa fidèle partenaire, Kaori Makimura, est là pour maitriser sa libido en le cognant avec une masse géante dès lors qu’il essaie de sauter sur une cliente.
Si vous arrivez à supporter tout cela, vous ne pouvez pas être dans de meilleures mains : Ryô Saeba est le meilleur guerrier qu’il existe sur Terre, au niveau du mental, de la tactique, et surtout, des réflexes. Il ne manque jamais une cible et parvient toujours à savoir si quelqu’un le suit. Et malgré son caractère de satyre, il est mu par un profond sentiment de justice, qui fait qu’il ne laissera jamais une personne innocente en détresse. Surtout si c’est une jolie fille.

 

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Avec son pitch de départ très sombre, City Hunter nous fait croire pendant un temps (3 ou 4 tomes) que nous entamons un seinen au ton très adulte, sérieux et noir, avec une touche de ecchi. Et puis, subitement, l’atmosphère se détend et débute une franche comédie dont l’humour est basé sur le quasi « dédoublement de personnalité » de son personnage principal tantôt privé très sérieux, efficace et super classe, tantôt coureur de jupons invétéré au faciès franchement débile et pervers.

C’est l’interaction régulière et croissante avec Kaori qui apporte de la légèreté à l’histoire. Car avec sa droiture et son innocence, elle fait rapidement office de garde-fou à City Hunter. Avec elle dans le tandem, finies les missions de tueur à gage et les morts à la pelle, elle les trie sur le volet, en fonction de ses principes, et Ryo s’y plie, plus volontiers qu’il ne veut le montrer.

D’ailleurs, derrière ses pitreries, on découvre rapidement un homme très perspicace avec beaucoup de coeur et de principes, malgré le métier délicat et immoral qu’il exerce. Ces moments très appréciables, qui rendent le personnage très attachant, nous amènent souvent à nous demander qu’elle est la part de naturel dans son attitude. On a très vite l’impression d’un personnage qui joue un rôle pour tromper son monde et éviter que son entourage ne s’attache de trop à lui. D’ailleurs quand malgré ses efforts, ça se produit, on peut être sûr qu’il va tout faire capoter et se dérober d’une façon ou d’une autre.

 

 

Dans un premier temps, il n’y a guère que Kaori qui soit à ses côtés. Leur relation est… mouvementée ! Au début Ryo lui fait les yeux doux, lui réservant les faveurs qu’il accorde à toutes les femmes qui lui plaisent: manifestations intempestives de son entrejambe, mains baladeuses, voyeurisme, fétichisme… (oui ce héros cumule de sacrées manies !) et puis du jour au lendemain il y met fin pour commencer un espèce de travail de sape où il insiste bien sur le fait qu’elle n’est pas une femme, un transsexuel au mieux, qu’elle n’a pas de formes, pas de charme…

Alors que nous ne sommes pas aveugles pour prétendre de telles choses. Kaori n’est certes pas la plus féminine des femmes et son caractère de feu en fait souvent un vrai dragon peu commode qu’il ne vaut mieux pas se mettre à dos (n’est-ce pas Ryo ?), mais malgré qu’elle ne se mette pas en valeur (aucun maquillage, des goûts vestimentaires douteux et une coiffure vraiment pourrie dans les 10 premiers tomes), on peut aisément apprécier l’équilibre de sa silhouette aux formes harmonieuses et généreuses, et les traits fins d’un visage tout à fait charmant.

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Nous savons que Ryo retrouve en elle la même personnalité droite et pure qu’il appréciait tant chez son défunt frère le tout glissé dans une enveloppe pas déplaisante, alors, légitimement, on se demande: est-ce encore une des manigances de Ryo pour tenir Kaori à distance ou bien ne serait-ce pas plutôt sa façon maladroite de cacher son propre attachement pour ne pas trahir un sentiment qui irait au delà de leur partenariat professionnel ?

Une question qui reste en suspens tout du long, l’auteur alimentant constamment de chaud et de froid leur relation atypique où les sentiments amoureux de Kaori, rapidement évidents, s’en retrouvent souvent blessés.

 

Kaori n’est pas comme les autres femmes ! Quand elle s’énerve, même moi, je ne peux rien contre son flingue !

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Même si le doute plane sur la vraie nature de leur relation, on ne peut qu’admirer la confiance qui s’installe entre ces deux-là. Une connexion troublante et une connaissance poussée de l’autre les amènent régulièrement à accomplir des prouesses dans leurs missions. Par ses efforts et sa persévérance, Kaori devient progressivement la partenaire de travail idéale pour Ryo qui s’appuie de plus en plus sur elle.

Pourtant la concurrence est rude pour ce poste. Étonnamment, malgré ses travers et ses sales manies, nombreuses sont les (très belles) femmes qui succombent aux charmes de Ryo et sont à l’affût pour devenir sa partenaire. Ryo ne se gêne d’ailleurs pas pour le lui faire remarquer et menacer régulièrement de la remplacer par l’une d’elles. Est-ce sa façon tordue de la pousser à se dépasser pour qu’elle puisse rester à ses côtés, en limitant le danger ?

 

Certaines de ces potentielles partenaires deviennent des personnages réguliers et complètent un panel restreint mais bien travaillé de personnages secondaires:  l’inspectrice sexy qui exploite sans vergogne le penchant pour la gente féminine de notre héros sans jamais lui donner satisfaction, l’ancien mercenaire au physique imposant qui rivalise avec Ryo depuis des années pour être reconnu comme le meilleur dans le milieu, la voleuse en justaucorps qu’on croirait sortie tout droit de Cat’s eye l’autre série de l’auteur, le nettoyeur américain qui est le « clone » en tous points de Ryo…

Chacune de leurs apparitions donnent lieu aux meilleures histoires avec maintes running gags mais surtout nous donnent la possibilité de découvrir des morceaux du passé de notre héros. Car au final, nous ne savons rien de lui, pas même son âge (il a éternellement 20 ans !). L’auteur entretient un épais mystère autour de Ryo Saeba et ne dévoilera que le strict minimum pour comprendre ce cabossé de la vie, à la fois si fort et si vulnérable. Ce qui fait la force de cette série (et évite d’accentuer un peu plus certaines incohérences).

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L’alternance entre l’insouciance d’histoires légères et la gravité de celles où le héros jovial, sûr de lui et de sa force, redevient un simple humain avec ses failles et ses doutes, si elle est bienvenue, peut aussi s’avérer une grosse faiblesse.

couv_23399On est toujours content de découvrir une histoire qui apporte véritablement quelque chose à la série que ce soit pour faire progresser les relations entre les personnages, proposer de vrais beaux duels entre Ryo et ses principaux rivaux ou pour dévoiler un bout de passé, mais on est vite déçu quand après une tension particulièrement intense l’auteur se contente de nous donner des banalités. Bon, oui, on rigole tout de même bien, mais ça fait à peu près le même effet qu’un soufflet qui s’écrase après avoir paru si prometteur.

Après cette relecture, j’estime que la série aurait pu facilement être raccourcie d’au moins 5 à 10 tomes sans que ça ne lui porte préjudice. J’imagine que le succès ayant été au rendez-vous, il a été tentant de faire durer le plaisir en meublant avec des histoires drôles, mais lassantes, car répétitives dans leur schéma. (il faut attendre tout de même 30 tomes avant d’entendre reparler de Union Teope !)

 

 

Hm… Les femmes peuvent-elles comprendre cette tristesse… C’est la première fois de ma vie que je ne bande pas le matin… En me trouvant tout raplapla j’ai l’impression que mon coeur aussi a vieilli…

 

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Par contre pour les gags, rien à redire. Hojo fait preuve d’un sadisme envers Ryo sans cesse renouvelé. On dirait que son seul plaisir est de maltraiter son personnage et d’écorner sa belle image de poseur. Plus on avance dans la série et plus il rivalise d’inspiration dans ce domaine !

couv_23408En nous le montrant sous ses pires aspects libidineux (ben oui il bande comme n’importe quel mec… Mais lui il bande tellement dur que ça peut devenir un outil ou une arme redoutable !), dans ses moments les plus embarrassants (un touché rectal par exemple…) ou les plus intimes (en train de pousser sur le trône…), il encre son personnage extraordinaire dans l’ordinaire. Dissociant par la même occasion Ryo Saeba, l’humain, de City Hunter, la légende urbaine. Une version ecchi de docteur Jekyll et Mr Hyde…

 

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Pour finir je parlerai des dessins qui sont un grand point fort. Le style et la technique de Tsukasa Hojo sont encore bien verts et ont un rendu daté sur les premiers tomes mais très rapidement (n’oublions pas qu’à cette époque le mangaka mène Cat’s Eye et City Hunter de front) on constate de gros progrès et surtout la naissance d’un style plus moderne et réaliste (à ce jour, il est l’un des rares mangaka qui dessine des visages vraiment typés japonais tout en assumant un rendu manga).

Ainsi les personnages sont bien proportionnés et même si les créatures plantureuses qui croisent la route de notre héros ont des formes très généreuses à vous filer des complexes, elles sont anatomiquement crédibles. Du côté des hommes, on note une tendance inversée avec des carrures larges (voir extra large pour l’Elephant) et une musculature bien dessinée.

couv_23414Le découpage des cases est dynamique, ce qui convient parfaitement à l’action de certaines scènes. Les mouvements des corps sont fluides et naturels ainsi que les expressions faciales tantôt réalistes, tantôt complètement forcées et caricaturales. L’encrage des planches est vraiment très beau, sur certaines cases et illustrations de chapitre, nous avons même droit à de véritables chef-d’œuvres de noir et blanc qui retranscrivent à merveille les conflits intérieurs de Ryo Saeba et l’intensité dramatique.

Je suis toujours avec ma pauvre collection « J’ai lu » débutée en 1996 qui ne rend pas vraiment hommage à ce manga. Le sens de lecture est inversé, les pages ont jauni (21 ans les premiers tomes, hein), certaines sont mal coupées, les mises en page et typo des textes dans les bulles sont expérimentales, les traductions et tournures de phrases souvent malhabiles, les coquilles nombreuses, les noms de certains personnages traduits ou repris de l’américain et les pages couleur inexistantes.

 

 

 

Tsukasa Hojo est né le 5 mars 1959. En trente ans de carrière, il a dessiné nombre de séries mémorables : Cat’s Eye (1981) et City Hunter (1985) donc, qui ont été un véritable carton en France, mais aussi Family Compo (1996), série qui joue sur l’identité sexuelle de ses protagonistes. Sa dernière grande saga est Angel Heart, sorte de suite alternative à City Hunter, pour laquelle il œuvre depuis 2001. La deuxième saison de cette série est en publication depuis 2012.
Ses récits courts, pour la plupart réalisés dans les années 1990, ont également été remarqués. Après avoir été édités par Tonkam il y a plus de dix ans, c’est Ki-oon qui en réédite la majeure partie à partir de 2013 dans la collection Les Trésors de Tsukasa Hojo.

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Modifié par Tom24
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